Il reste 100 jours avant la mise en place de la collectivité européenne d’Alsace (CEA) à laquelle nous souhaitons une pleine réussite. Nous avons porté notre part à sa création en organisant de nombreuses réunions publiques qui ont démontré ce qui a été appelé le « désir d’Alsace ». Nous avons aussi soumis nos propositions aux instances départementales chargées du « montage » de la nouvelle institution et avons insisté pour que celle-ci devienne véritablement alsacienne du point de vue de son identité et de ses politiques, mais aussi de sa structure que nous souhaitons fédérative de la dizaine de pays qui composent l’Alsace. 100 jours pour être entendus, si ce n’est déjà fait ?
Autres 100 jours, ceux de la période privilégiée dont profiteraient les nouveaux élus. Une période au cours de laquelle l’élu, qui n’est pas encore trop saisi par le principe de réalité et bénéficiant d’une sorte d’état de grâce où se mêlent envie d’entendre, opinion favorable et indulgence, peut (doit) s’exprimer sans ambages sur des sujets importants. Nous pensons essentiellement aux Maires des grandes villes d’Alsace.
Ainsi invitons-nous, en particulier Madame la Maire de Strasbourg, à s’exprimer sur la place de la ville en Alsace et en Europe, les deux ayant plus d’une similitude dans leur approche, le postnationalisme notamment. Si Strasbourg et l’Alsace ont été souvent victimes au cours de leur histoire des antagonismes nationaux, elles ont aussi été le lieu où se sont rencontrées et fécondées deux grandes cultures européennes, la française et l’allemande. C’est dans cette confluence et cette synthèse que Strasbourg et l’Alsace sont véritablement alsaciennes… et européennes. Et c’est aussi, ne l’oublions pas, en raison de tout cela que la Ville a été choisie en 1949 pour accueillir le Conseil de l’Europe. Dès lors, le respect du symbole devenait un défi permanent.
Mais, on ne le sait que trop, Strasbourg et l’Alsace sont sorties traumatisées par une mauvaise Allemagne du conflit de 1939-1945 et si le post-traumatisme alsacien s’est caractérisé pendant des décennies par un anti-germanisme primaire, de surcroît tourné contre soi-même, cela doit-il s’installer indéfiniment, avec tout ce que cela représente d’abandons et de pertes ? Le temps de la résilience n’est-il pas venu 70 ans plus tard ? Celui du « Werde der du bist ?», c’est-à-dire de la mise en œuvre des toutes ses capacités et propriétés, le temps de l’épanouissement, le temps du fais ce que tu peux faire.
Que Strasbourg retrouve conscience d’elle-même, c’est-à-dire qu’elle n’oublie plus sa mémoire et se montre enfin, allait-on dire, fière d’une bonne part de son passé. Une politique de réappropriation et de développement de ce qu’elle n’aurait jamais dû perdre ; le bilinguisme et la culture bilingue permettront, n’en doutons pas, à Strasbourg au travers de cette mise en application du très européen principe d’union dans la diversité, de gagner en exemplarité et ce faisant de consolider la présence des Institutions Européennes et, en particulier, de retrouver le soutien des Pays germanophones. Nous invitons Madame la Maire à prendre sa part dans l’œuvre de résilience… les autres Maires d’Alsace aussi !
Pierre Klein, président
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L’ICA (initiative citoyenne alsacienne) est un club de réflexion qui inscrit sa philosophie politique dans les principes d’union dans la diversité et du postnationalisme. Son régionalisme est libéral-démocratique et non ethnonationaliste. Elle réunit plusieurs centaines de membres, parmi lesquels bon nombre d’élus, et est suivie par un grand nombre de sympathisants.